Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Témoignage version PTT

Publié le par Le Réseauteur

Bravo pour votre blog. Je vais vous raconter les 2 témoignages de deux confrères de France Telecom qui s’étaient confiés un jour à moi sur le fameux Réseautage.....

Tout d’abord, pour fixer le cadre, techniquement parlant, le Réseautage tel qu’il a été pratiqué vers 1970 et 80 (et même avant) n’était effectivement possible qu’à l’époque des commutateurs téléphoniques de type rotatif et de type crossbar, véhiculant les conversations téléphoniques sous forme de courants électriques analogique au travers de réseaux de connexion de commutateurs entièrement électromécaniques, et propices effectivement à tous les couplages possibles.

Avec la numérisation complète du réseau téléphonique (Electroniques Temporels) ce système occulte ne pouvait techniquement plus fonctionner. Ainsi, à Paris, la mise à la casse d’une proportion critique et suffisante de Rotary 7A1, 7B1 et de Pentaconta et autres CP400 sonna le glas du Réseau occulte vers 1980-82…

Appelé moi-même à l’activité en 1995 à Paris, c’est en 1996 que ce cadre que l’on surnommait JAx, Chef d’un commutateur Télex de Paris (depuis à la retraite), me conta cette histoire, me décrivant effectivement ces gens qui téléphonaient sur des numéros non attribués (certains étant « distribués » sous le manteau, d’autres étant trouvés par des chanceux qui téléphonaient au pif). Au début, ils tombaient sur les disques habituels avec leur message du type « Numéro non attribué »… Mais que ces disques, au bout d’un certain temps, étaient déconnectés, et c’est à ce moment là que l’on pouvait percevoir la présence d’autres correspondants plus ou moins près ou lointains et tenter des contacts… Il me décrivit ces rencontres fortuites, entre hommes et femmes, ou d’amitiés un peu plus particulières, ou pour de simples déconnades téléphoniques jusqu’au bout de la nuit au bout du fil à refaire le monde… En fait, tout pouvait arriver et éventuellement tout et n’importe quoi pouvait se concrétiser.

Vous avez bien résumé et illustré cette ambiance ainsi que les témoignages précédents… Je dois avouer que le récit qui m’en avait été fait par JAx me faisait tordre de rire en 1996. Il m’avait aussi parlé effectivement qu’il fallait, pour mieux entendre, se bricoler des amplificateurs ! C’est la découverte de votre blog qui m’a tout fait revenir en mémoire !

En 2016, suite à mes recherches que j’effectue à mes heures sur l’histoire des télécommunications,
https://telecommunications.monsite-orange.fr , je suis tombé, via leboncoin, sur un retraité de FT depuis 2001, chez qui je suis allé à Montpellier pour lui racheter la quasi intégralité de la Revue Française des Télécommunications (1971-1993).

Personnage très truculent, celui ci me raconta quelques anecdotes de sa carrière, notamment de sa « rencontre » avec Albert Delbouys, Ingénieur Général, qui lui fit ressentir quelques sueurs froides… Puis très vite, étant affecté alors à Voltaire au Rotary 7B1 puis au Pentaconta, il me parla aussi du Réseau occulte… Il connaissait l’existence de ce Réseau depuis environ 1967-1968 et son entrée dans l’administration.

Il m’a confirmé ce style de « rencontres » de tous ordres qui s’y déroulaient, les histoires d’amplis etc… Il était intarissable à ce sujet.

Mais il m’a parlé aussi de deux autres choses.

La première information est que finalement, le Réseau Occulte a rapidement fini par être connu des très hauts fonctionnaires, et plus seulement des techniciens de commutation… C’était logique que cela arrivât…

En effet, à cette époque, l’esprit de corps existe, il y a des formations, des troncs communs, et les gens de tous milieux de notre administration se rencontrent, parlent de tout, et de technique… Et même les hauts fonctionnaires ont été aussi à l’école, à l’ENST et ont donc été aussi des étudiants, des jeunes....

L’existence du réseautage était donc connue des hautes sphères, mais techniquement parlant, il était, à l’époque de l’électromécanique, strictement impossible de l’en empêcher… Ce retraité qui avait au cours de sa carrière croisé plusieurs très hauts fonctionnaires de la maison, tels Albert Delbouys ainsi que François Schoeller qui deviendra après l’affaire de la grue de Latché le nouveau Président de TDF, m’a confié que c’est ce Réseau occulte qui a donné un jour l’idée à un certain Jacques Dondoux de lancer les premiers Réseaux de Convivialité (C’est ainsi que l’on les appelait à leur création), qui ont été présentés au début des années 1980 comme des plateformes du genre « sos solitude », qui avait tôt vite fait de passer à « J’ai besoin de compagnie » à enfin finir en un gigantesque baisodrome téléphonique…

Bref, le téléphone rose tarifé et lucratif était né, avec notamment les numéros commençant par le 36.69, on aura compris l’allusion… Et grâce à l’aide précieuse des commutateurs téléphoniques électroniques qui permirent la création de ces nouveaux services téléphoniques puis télématiques des plus spéciaux…

Ce brave retraité, originaire du midi, réussit à obtenir sa mutation à Marseille, en fin 1971, pour se rapprocher de son Montpellier… Ainsi, il quitte donc Paris et se retrouve à Marseille, en tant que technicien affecté sur la maintenance des Pentaconta.

Deuxième information : celui-ci m’a confié qu’à Marseille aussi, le Réseautage allait bon train… Alors, comme à Paris, il existait le réseautage « de compagnie », mais il m’a confié qu’il existait un second réseautage : le réseautage de business !!!

En effet, le brave retraité m’explique alors, qu’à cette époque, chaque ligne téléphonique en service raccordée sur un central Pentaconta aboutit, si l’on décroche le combiné téléphonique et que l’on téléphone à un numéro non attribué, sur un film de type numéro non attribué… Il me confirme qu’il se passe ce qui existe toujours à l’heure actuelle : au bout d’un certain délai, le film s’arrête et l’abonné se retrouve alors dans le vide, et le téléphone de l’abonné demeure toutefois alimenté… Tout comme à l’heure actuelle…

En revanche, il m’indique qu’en 1971, sur les Pentaconta, chaque lecteur de film de numéro non attribué peut débiter son message jusqu’à 5 appelants qui appelleraient quasiment en même temps le même numéro non attribué.

Donc pour résumer, si 5 personnes, qui se connaissent bien, téléphonent à une heure fixe convenue sur un même numéro de téléphone non attribué, ceux-ci se retrouvent alors aboutir sur le même lecteur de film, qui après un certain délai s’arrête… Mais à ce moment là, ces 5 correspondants, qui ne se sont pourtant jamais appelés, se retrouvent en conversation tous ensemble, sans avoir à payer, et surtout sans pouvoir être tracés…

A Marseille, ce sont des malfrats et autres membres de la pègre, qui ont découvert cette faille de sécurité, et ainsi pendant paraît-il plusieurs années, ils se contactaient par ce moyen très sophistiqué, à partir de cabines téléphoniques ou de téléphones ne leur appartenant pas (les leurs étant probablement sur écoute) pour préparer leurs coups, tels que braquages, hold-up, livraison de stupéfiants, recels etc.....

Ainsi, même écoutés sur leurs lignes téléphoniques personnelles, la Police n’y voyait que du feu, et les malfrats pouvaient planifier leurs affaires tranquillement par le Réseautage Business avec ce système d’appels à heures fixes sur les mêmes numéros non attribués, à partir de n’importe quelle ligne téléphonique de Marseille… Tout en jouant aux petites filles modèles sur le téléphone de chez eux....

Il paraît que le pot aux roses fut découvert par hasard à Marseille par des techniciens des PTT de maintenance, et qu’à ce moment-là, des écoutes officielles furent ordonnées directement sur les répondeurs de films, et qu’ainsi, la Police enfin prévenue des prochains coups de la pègre (lieux, heure, marchandise), fit tomber une grande partie du banditisme marseillais dans les années 70 par ce moyen…

Voici donc résumés les 2 témoignages oraux sur le réseautage en vigueur dans les années septante que j’ai pris le temps de retranscrire, car j’ai aimé votre initiative de parler de ce sujet plutôt méconnu.


Claude Rizzo-Vignaud, HistelFrance.

 https://telecommunications.monsite-orange.fr/

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Bonjour

Au début il n'y avait pas de lecteur magnétique (machine ASSMANN) dans chaque central téléphonique.
Ceux-ci venait du central Anjou et étaient dispatchés par ligne inter central. Puis est venu les lecteurs magnétique et les joncteur vers NNU (numéros non utilisés).
Pour lutter contre ce type de réseau chaque message (film) était amplifié et alimentait 5 joncteurs qui étaient équipés d'un transfo différentiel : passage de circuit de conversation de 2 fils en 4 fils avec séparation des sens de dialogue. Il y avait aussi sur la table de d’envoyeurs d'appel dite pondeuse : un amplificateur que l'on savait utiliser pour écouter les réseaux !! ou un interphone
Voila quelques souvenirs

Envoyé par Gele

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 > >>